La revue hebdo Anantys
Vendredi 09 mai 2025
La tech, toujours la tech… et l'industrie sous pression.
Semaine contrastée sur les marchés, marquée par une dissociation croissante entre promesses technologiques et incertitudes macroéconomiques. Les valeurs IA (Innodata, Nvidia) continuent de capter les flux malgré une volatilité marquée, preuve que l’enthousiasme spéculatif persiste tant que la croissance est au rendez-vous. À l’inverse, les poids lourds industriels (ArcelorMittal, LVMH) se heurtent à la réalité d’une demande mondiale en ralentissement, d’un cadre réglementaire mouvant et de tensions sociales croissantes. Le luxe décroche, le métal inquiète, mais le software flambe. Dans ce contexte, les marchés restent soutenus, mais sélectifs : la prime revient aux actifs perçus comme agiles, rentables et alignés sur les récits dominants de l’innovation et de la transition.
Cette semaine encore, les marchés respirent l’optimisme. S&P 500 en hausse de 1,2 %, CAC 40 à +1,5 %, dopés par des résultats d’entreprises dans le vert vif et une accalmie géopolitique bienvenue. Trump et Starmer (PM UK) ont sorti un accord commercial surprise UK-USA : aluminium, bœuf et Boeing en guest stars. Un deal de circonstance, plus symbolique que stratégique, mais qui a su rassurer Wall Street. Côté bilans, c’est la fête. Innodata explose à +120 % de CA. Sezzle quadruple ses bénéfices. Porch Group bondit de 68 % en bourse. Trois pépites qui montrent que l’IA et la fintech ne sont pas juste des buzzwords.
Mais au milieu de cette euphorie, une page d’histoire se tourne : Warren Buffett passe la main. À 93 ans, l’oracle d’Omaha quittera son poste en fin d'année. La fin d’une ère, où rigueur, bon sens et patience faisaient office de boussole. Comme il le disait lui-même : « Le marché est là pour vous servir, pas pour vous guider. »
Airbus a marqué positivement les esprits avec plusieurs nouvelles majeures, notamment la commande significative de Qatar Airways et les partenariats renforcés au Maroc. Sur six mois, le titre gagne 12%. Une belle dynamique haussière soutenue par la robustesse des résultats financiers et la réussite à maintenir de bonnes relations commerciales, malgré des défis tels que les droits de douane. Belles perspectives pour le long terme.
ArcelorMittal est sous pression à Dunkerque. Le groupe prévoit de supprimer 600 postes en France, dont près de 300 sur ce site stratégique, malgré une aide publique de 850 millions d’euros pour sa décarbonation. Bruno Le Maire a déclaré qu’il fallait "tout" faire pour sauver l’usine, n’excluant pas une nationalisation temporaire en dernier recours si les engagements ne sont pas tenus. Les syndicats dénoncent une stratégie opportuniste, tandis que le groupe a suspendu un projet de 1,8 milliard d’euros pour verdir ses hauts fourneaux. Pour les investisseurs, le dossier reste sensible : entre incertitudes politiques, tensions sociales et exécution industrielle, la prudence est de mise.
Nvidia maintient sa domination technologique avec ses Blueprints d'IA, mais le contexte géopolitique complexifie la donne. Le titre a reculé de plus de 20 % sur six mois, impacté par les restrictions américaines sur l’exportation de puces vers la Chine, avec une charge exceptionnelle de 5,5 milliards de dollars. Pour contourner ces freins, le groupe lancera une version bridée de sa puce H20 sur le marché chinois cet été. Washington envisage en parallèle un allègement des contrôles, sans garantie de stabilité durable. Malgré tout, Nvidia a repris des couleurs depuis son plus bas sous les 100 dollars, avec un rebond de près de 3 % sur 30 jours.
Innodata explose les compteurs : chiffre d’affaires en hausse de 120 % au T1, EBITDA multiplié par trois. Le titre a pris 257 % sur un an, preuve de l’enthousiasme du marché. L’entreprise fournit des services d’annotation, de validation et de gestion de données pour entraîner les modèles d’intelligence artificielle des grandes techs. Elle profite à plein de la ruée vers l’IA générative et de la demande pour des données fiables et sécurisées. Malgré un recul de 10 % sur six mois, les fondamentaux restent solides. Une très bonne option pour rester exposé à l'IA en complément (ou remplacement ?) de NVIDIA.
LVMH chute de 15,6 % sur six mois, plombé par le ralentissement du luxe en Chine. Moët Hennessy supprime 1 200 postes, et la branche Vins & Spiritueux recule de 8 %. Le groupe réorganise ses priorités autour de ses marques phares et ajuste ses ambitions internationales. En pleine tourmente, Bernard Arnault a rencontré Donald Trump cette semaine à New York, relançant les spéculations sur un recentrage stratégique vers les États-Unis. Le marché reste attentiste, entre consommation sous pression et signaux politiques flous.
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