La revue hebdo Anantys
Vendredi 24 octobre 2025
Les marchés bipolaires
Chaque jour, les marchés semblent rejouer la même scène : euphorie le matin, panique l’après-midi, soulagement le soir. La moindre rumeur déclenche des mouvements de plusieurs centaines de milliards, comme si Wall Street vivait sous perfusion d’adrénaline. La réalité économique n’a pourtant pas changé : les profits sont solides, la croissance modérée, les taux stables. Ce qui bouge, c’est la psychologie — une volatilité quotidienne devenue structurelle. Et dans ce vacarme, la seule certitude, c’est que l’irrationnel coûte cher.
Les investisseurs ont d’abord paniqué quand OpenAI a présenté ChatGPT Atlas comme “a rare, once-a-decade opportunity to rethink what a browser can be about.” L’action Alphabet a plongé de près de 4 %, soit 150 milliards de dollars de capitalisation envolés en quelques heures. Mais la panique s’est vite retournée : Atlas s’est révélé n’être qu’un fork de Chrome, avec un moteur ChatGPT intégré, donc aucun danger existentiel pour Google, au contraire. Le marché s’est corrigé, mais la leçon reste : dans un environnement saturé de narrations technologiques, la vitesse de réaction l’emporte sur la vérification.
Même logique côté politique. Le 10 octobre, Trump menace la Chine de nouveaux tarifs, et le Nasdaq décroche de 3,6 %. Trois jours plus tard, il annule son sommet avec Poutine, “a waste of time”, avant d’évoquer un plan de paix improbable : le pétrole bondit, les valeurs énergie s’envolent, et Wall Street retrouve ses sommets. Puis vient la phrase de trop : “ALL TRADE NEGOTIATIONS WITH CANADA ARE HEREBY TERMINATED,” lâchée sur Truth Social après une publicité de l’Ontario. Résultat : le dollar canadien vacille, les algorithmes s’affolent, puis tout revient à la normale — jusqu’à la prochaine déclaration.
Ce cycle de panique-rassurance est devenu la norme : les marchés réagissent aux mots, non plus aux bilans. Pour l’investisseur lucide, la seule parade consiste à échapper au tumulte : s’ancrer dans le long terme, ignorer les à-coups et les tweets, se concentrer sur la valeur durable. Comme l’écrivait Benjamin Graham, maître de Buffett : « In the short run, the market is a voting machine, but in the long run, it is a weighing machine. »
Le moment idéal pour méditer cette célèbre maxime. Méfiez-vous du bruit quotidien, il ne reflète que les émotions des foules, le temps long est votre allié… Si vous parvenez à résister aux sirènes du panic-sell.
L’essentiel du travail cette semaine s’est concentré sur le site anantys.com. Les pages actions ont été nettement améliorées, les logos entreprises sont désormais intégrés (merci Nicolas), et les news mieux structurées. Nous travaillons aussi à renforcer l’automatisation de la détection d’actualités, pour gagner en réactivité et en pertinence. L’objectif est clair : faire du site un portail d’information fiable et complet, en complément naturel de l’application.
Le retour du fondateur d'OVH – Octave Klaba – au poste de PDG ne suffit pas à apaiser le marché, qui sanctionne OVH après des résultats annuels décevants et des prévisions de croissance à 5-7 % pour 2026. L'action a chuté de plus de 35 % sur six mois, dont une baisse marquée de 19 % suivant l'annonce. Malgré un chiffre d'affaires annualisé record, l'incertitude plane sur la dynamique à court terme (Momentum sous la barre des 30 points).
Nvidia franchit un cap industriel majeur en produisant les premières puces Blackwell aux États-Unis avec TSMC, une étape clé face aux barrières tarifaires américaines. Cette avancée consolide son rôle stratégique dans le secteur des semi-conducteurs et soutient un gain de 71 % sur six mois. L'ancrage local et l'innovation technologique renforcent un momentum très positif, quasi parfait (99).
Apple maintient une stabilité boursière avec un gain de presque 25 % sur six mois, porté par une gestion habile de ses relations commerciales avec la Chine, malgré la montée des tensions. La visite de Tim Cook à Pékin rassure les marchés sur les risques de sanctions sévères. Cependant, le départ répété de talents en intelligence artificielle vers des concurrents comme Meta suscite (toujours et encore) des inquiétudes sur sa capacité d'innovation. Une valeur sûre donc, mais avec une zone de fragilité à ne pas oublier.
Eutelsat bénéficie d'un soutien stratégique de l'État français à hauteur de 717 millions d'euros, participant à une levée de fonds de 1,35 milliard d'euros pour affronter la pression concurrentielle exercée par Starlink. La part publique approchant 30 % du capital renforce la stabilité du groupe, même si ses revenus au premier trimestre montrent un léger recul. Cette dynamique nationale soutient une performance modeste de +3,2 % sur six mois, avec un potentiel à moyen terme à considérer.
BNP Paribas a subi une forte baisse de 7,4 % en réaction à des estimations de pertes judiciaires élevées liées au contentieux soudanais. Malgré des tentatives de communication rassurante, la baisse de recommandation par Barclays reflète un climat de défiance persistant autour du titre, qui affiche une progression limitée de 2,7 % sur six mois. La résistance à court terme semble compromise, et la prudence reste de mise.
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